Georges Mathieu, je le connaissais pour son langage pictural reconnaissable entre tous, pour certains de ses tableaux qui m'interpellaient, pour ses affiches Air France, mais finalement je ne le connaissais guère. L'homme est érudit et a du style, du panache. Son aura aristocratique mâtinée d'un dandysme très seventies savamment cultivé m'interpellait. Quand on connait son goût affirmé pour l'Histoire et ses nombreuses créations pour l'Institution (dont la célèbre pièce de 10 francs), l'hommage qui lui est rendu à L'Hôtel de la Monnaie est une occasion rêver pour le retrouver. Un lieu qui lui sied à merveille.
L'exposition "Geste, vitesse et mouvement" m'a, ainsi, donné l'occasion de me confronter à son oeuvre autant admirée que décriée, et de m'immerger dans l'articulation de sa pensée et de son travail. Car entrer dans l'univers de Georges Mathieu, c'est entrer dans ses pensées qui précèdent les gestes, et les gestes qui déploient sa pensée, c'est laisser tomber tous ses préjugés, se laisser porter par l'homme, l'artiste dans son entièreté.
J'ai beaucoup aimé ses performances filmées. Avant-gardiste avant l'heure, il faisait de ses corps à corps avec les grands formats de véritables happenings. Fulgurances picturales savamment pensées et orchestrées qui me parlent beaucoup. J'aime ces corps à corps avec le support, cette confrontation directe avec la toile qui active un process intérieur libérateur et créateur. Tout se joue dans les gestes, dans l'instant à naître, dans ce qui advient avec énergie, force et violence.
Et si ce sont ses oeuvres zen qui me touchent intimement plus, j'ai particulièrement aimé la confrontation de son travail avec de grands noms artistes du graffiti invités à venir créer in situ. Un métissage réjouissant et pertinent qui ne se contente pas de faire cohabiter des artistes de générations différentes. Il offre un dialogue des plus féconds entre la pratique de Georges Mathieu et celle de l'art urbain. Passionnant comme cet artiste hors catégorie, fondateur de l'abstraction lyrique.
Georges Mathieu / Geste, vitesse, mouvement // Exposition 11.04 - 07.09.2025 // Monnaie de Paris x Centre Pompidou