Hier je suis entrée dans un maelström de croquis, de mots, de formes et de matières affichés grand format à la vitesse des QR code qui m’invitaient à comprendre le cheminement de pensée de Fabrice Hyber. Un parcours quasi initiatique pour entrer dans « la pensée en mouvement » de cet artiste qui depuis plusieurs dizaines d’années n’a de cesse de mixer son ancrage scientifique avec son chemin artistique. Un cocktail des plus revigorants. A la fois simple et complexe, chacun peut y trouver matière à regarder, écouter, rebondir, rêver, réfléchir et sourire. Car Fabrice est comme un enfant qui n’a de cesse de s’interroger sur le monde, la vie et notre rapport à l’environnement, et plus largement à notre planète. Il sème ses petites graines au sens propre du terme comme au figuré avec rigueur et fantaisie. Car regarder ses toiles, c’est oser sortir de sa zone de confort pour en capter la quintessence, s’émouvoir devant des détails, de surprenantes et joyeuses associations qui mettent en marche notre propre pensée. A nous de construire notre biotope esthétique et réflexif. J’aime cette approche qui est tout sauf didactique, nourrie par son ouverture au vivant, à sa Vallée, matrice de son travail d’artiste. Car Fabrice Hyber avance, tâtonne, explore, le paysage, et plus largement ce qui l’entoure, avec rigueur et un allant déconcertant. Une fantaisie poétique revigorante qui me fait penser à celle de Bobby Lapointe, auteur-compositeur-interprète féru comme lui de mathématiques mais plus porté sur les allitérations et paronomases que sur les arborescences figuratives. Frères jumeaux qui osent se démarquer et se rejoignent sur l’idée même de performance, de nouvelles formes de vie à créer. Car avec l’art tout est possible. Aucune barrière n’est posée, imposée. La distance est celle que nous spectateurs mettons ou nous imposons, et que devons abolir pour entrer pleinement dans leur univers, dans une nouvelle forme de langage vivant, joyeux et heureux. A nous de devenir racines et branches, de déployer notre pensée, de nous laisser porter, car comme le dit Fabrice Hyber : « Une plante et un humain, c’est pareil ». Je le crois, profondément. Nous sommes là, bien là, tous réunis et unis dans un mouvement qui nous dépasse mais dans lequel nous pouvons créer de la beauté. Merci à Fabrice Hyber d’en créer avec sa pensée et sa Vallée.
Exposition "Fabrice Hyber La Vallée" jusqu'au 30 avril 2023 à la Fondation Cartier pour l'art contemporain.