
Sachons un peu discerner, et ne pas nous épuiser dans une course au mieux être, à la recherche d'une qualité de vie optimale qui passe par les abonnements compulsifs à des réseaux de développement personnel, de méditation, d'apprentissage au lâcher prise, à la pleine conscience...
Avec l'épidémie de Covid-19, j'ai, comme vous, assisté à un véritable déchainement d'infos sur les réseaux sociaux sur ces thèmes, et par extension, sur le "care" avec l'ultime claim-signature-leitmotiv "Prenez-soin de vous" qui répété comme un mantra me mettait les nerfs à vif, perdait sa substantifique moelle et me faisait dire que Sophie Calle n'aurait jamais pu penser que son exposition éponyme serait tant de fois médiatisée durant plus de trois mois !
Mais revenons aux coachs en développement personnel, énergéticiens, thérapeutes qui nous ont parlé, aidé, proposé des remèdes, des méthodes, des exercices très intéressants durant tout le confinement mais qui ont été tellement exposés, médiatisés, surexposés, qu'ils ont fini par me saturer en mode XXL . Rapidement overdosée, je n'ai plus rien écouté, ai fermé les écoutilles ! Le trop m'a tué. Pas Omar, le trop-plein ;-). Explosion de mes neurones sur-sollicités. Saturation, sur-information . Silence on coupe ! Oui, on coupe . On oublie le verbiage inutile, le vocable "marketé" qui finit par nous appauvrir et nous assujettir à des modes de pensées, pour certaines et selon moi, bien trop "formatées".
Revenons au bon sens car certaines de ces approches si intéressantes soient-elles ne doivent en aucun cas occulter notre bon sens en prenant le temps de nous écouter avant d'écouter les autres, c'est à dire en prenant acte de ce qui nous touche et nous fait vibrer, et en laissant tomber la course à la perfection qui tend à faire de nous les Shiva du développement personnel, de l'introspection, de la relaxation.
S'écouter avec sincérité, c'est à dire noter et enregistrer ce qui fait battre notre coeur, ce qui est pour nous indispensable pour nous permettre de suivre notre pente naturelle.
Le bon sens, oui, le bons sens prévaut souvent mais il semble parfois tellement hors de portée qu'il est urgent de le remettre au goût du jour. Nul besoin de tout intellectualiser pour comprendre ce qui est, pour chacun d'entre nous, essentiel. Redevenir l'enfant que nous étions et qui comprenait instinctivement ce dont il avait besoin.
Pour moi ce fut la nature et les animaux. Plus tard, vinrent les mots. Ils sont indissociables de moi. Bien avant de lire et d'écouter Théodore Monod, Isabelle Eberhardt, Christian Bobin, Aurélien Barrau et Baptiste Morizot, je me sentais une avec la forêt dans laquelle je vivais, une avec la mer et les rochers, une avec les animaux que je fréquentais...Puis, ce fut avec l'appel du désert. Je n'intellectualisais pas cela, je le ressentais. Cela m'émerveillait.
C'est aussi avec ce même ressenti que je vécus avec violence la mainmise de l'homme qui imposait ces méthodes court-termistes et capitalistiques. Le remembrement qui saccagea les campagnes françaises me choqua, me bouleversa. On n'employait pas encore le mot "écocide" mais il était pleinement en marche. Aussi, je salue ici les mouvements qui se créent et appellent à respecter le vivant, qui réfléchissent à l'émancipation de la nature et aux droits des animaux. Oui, il le faut pour que notre arrogance envers le vivant cesse et que nous nous regardions comme de simples êtres vivants appartenant à un grand tout, que nous regardions ce qui nous entoure avec l'émerveillement d'un enfant qui s'étonne que tout puisse exister et cohabiter.
Une ouverture naturelle et spontanée au vivant qui m'enchante et ne cessera de m'enchanter.
Me connecter à moi-même c'est ressentir le besoin profond d'être connectée à la nature. C'est bien plus qu'un soin, c'est un art d'être au monde.
Toutes paroles semblent vaines pour l'exprimer et pourtant, quand je suis dans une forêt, un désert, une estive, une île...les mots viennent.
Tout et toute.s.
Tout ce ciel agrandi
élargi d’un bleu
ébloui
par sa seule présence
dans les nuages,
par ses nuances, de gris, de pluie
Toute cette bruyère aimante
dans la lande
rose rosée violacée
Toute cette mousse sous mes pieds
qui respire mes pas, pas à pas
Toutes ces ronces mêlées, entrelacs de mes pensées
bruissantes, vivantes
et cette odeur de fougères
dans l’air, en dévers
Tous ces rochers à fleur de terre
de mer
BG /2020
Et viennent aussi ces paroles, cette musique, ces chants qui me touchent et que je vous invite à écouter : All de Yann Tiersen, une merveilleuse Release party.
Photo : Exposition / Prenez soin de vous de Sophie Calle