Un Pardon pas comme les autres.
Un Pardon onirique, ethnique, fantastique qui prend sa source dans la plus belle des sources : une source artistique qui explore tissus, dentelles, boutons, médailles …brodés, attachés, ficelés.
Un Pardon pour en réinventer les origines et nous transporter de l’orient à l’occident sous le vent de Ouessant.
Un Pardon comme une prière païenne, une ondulation chrétienne qui se déploie dans la lande, la ré-enchante, nous élève.
Une ré-appropriation de qui ce a été, fut autrefois et qui devient autre, nôtre.
Une féerie de bannières qui nous plonge dans un étrange ravissement.
Un monde unique, quasi fantasmagorique avec ses brocards et têtes de poupée qui regardent et nous regardent.
Une ode à la magie, un air de Miyazaki et cet appel à avancer, à marcher, à se laisser porter par les chants, à se déposséder du temps.
Un retour aux sources, à la source.
Ecouter, ne pas parler.
Etre juste là, avec eux, avec soi.
Dans l’instant.
Comme s'il n’y avait ni avant ni après, juste ce temps donné à l’éternité d’une marche qui, sur le chemin côtier, de la Chapelle Saint-Gildas à L’Eskal, nous reliait aux éléments. Comme si la force de cette procession résidait dans l’incroyable beauté de ces bannières créées et brodées par la plasticienne Odette Picaud, et aussi dans ces hommes et ces femmes costumés et masqués qui les portaient, et dans notre simple présence, nous qui étions conviés à y participer.
Chacun porté par la grâce du moment, comme transporté.
Un Pardon comme une méharée pour nous dépouiller, nous trouver, et nous retrouver, aligné.e.s au moment d’arriver, là où nous devions arriver.
Assis en demi-lune, il fut bon, au couchant, de laisser la baie nous envelopper, d’écouter la mer, et puis ce texte lu avec gravité qui nous entraînait loin, loin …A la verticale de nos pensées et des bannières alignées répondait notre présence horizontale, silencieuse et heureuse.
Mirage d’une fin de journée d’été qui a merveilleusement su proroger l’histoire des Pardons bretons sans intention d’en faire une pâle copie.
Ici, l’important est de cultiver leur mémoire en leur donnant vie avec fantaisie, humour, extravagance, tendresse, douceur et folie, et peut-être même ce zeste de peur propre aux rites vaudous. Après tout en Bretagne l’Ankou n’est jamais loin, et si la mort fait partie de le vie c’est bien ici qu’on le sent, le ressent pleinement.
Pardon d’Odette Picaud / Juillet 2022 / Ouessant.
Pour en savoir voir plus sur l’artiste plasticienne Odette Picaud.
Merci à Quinquis de l’avoir fait venir pour fêter la sortie de premier son album. Elle était là aussi.
Ecoutez Adkrog et voyagez aussi en beauté entre terre et mer.
PS : Ces deux-là devaient se rencontrer. A Odette Picaud et Quinquis (autrement dit Fanny et Emilie), un grand merci.
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