Henry Bauchau, c'est tout d'abord un livre "Oedipe sur la route" qui m'a permis d'accompagner Antigone et son père dans leur quête intérieure. J'ai marché à côté d'eux, je les ai aimés...ai appris à découvrir le vrai Clios qui sous son apparente rudesse fait dire à Oedipe: "Il est peintre, il peut remplacer le sang par le rouge. Il faut pour cela qu'il laboure toutes les couleurs. Les terrestres, les infernales, les célestes."
J'ai enchaîné avec "Le présent d'incertitude", journal tenu entre 2002 et 2005.Un journal à hauteur d'homme où la vieillesse, la fatigue,les questionnements s'ouvrent sur l'écriture et un roman en gestation: Boulevard périphérique.
Porter son livre à venir ( celui qui recevra le Prix du livre Inter en 2008 ) lui donne la force d'avancer, d'espérer, de vivre. Se remettre en cause continuellement, se nourrir d'échanges et d'amitiés, se retrouver sur un banc du Jardin des plantes et se gorger de lumière, trouver dans la grisaille et "sa médiocrité apparente" l'espoir, accepter d'être dépassé, se sentir affaibli, amoindri, lutter pour vivre avec humilité et dans l'acceptation de ce que l'on est et que l'on peut faire encore...chaque jour est bataille contre le temps. Ce temps:" il n'existe pas et pourtant c'est à cela que nous sommes soumis. Telle est notre condition. Nous sommes soumis à ce qui n'existe pas".
Formidable acuité pour dire ce que chacun nous ressentons mais n'osons souvent pas formuler de peur de se désespérer.
Perdre ses forces mais ne jamais renoncer à " se mettre en état de faire", à "créer en soi un état qui permette à l'oeuvre d'être conçue et de naître". Faire oeuvre de création pour sublimer la profonde déchirure de la vie, c'est selon Henry Bauchau apprendre à accepter ce qui est et à se pacifier. Des mots écrits par un homme de plus de 90 ans qui sont certainement le plus beau conseil qui nous soit donné.
Hommage à cet écrivain, poète et dramaturge belge qui nous fait entrer dans ses poèmes, dans sa vie et ses souffrances qui sont une perpétuelle renaissance.
vs devez impérativement mettre le nom du photographe, sous peine de procès et d'amende tres lourde
Rédigé par : koui | 10/11/2008 à 21:58