Dès les premières secondes du film, elle apparaît. Et ces premières secondes sont sublimes. Elle est là, devant nous, crispée, tendue, perdue dans l'immensité d'un champ de blé qui ondoie dans la clarté d'un matin lumineux. Et puis, ses traits crispés se transforment en un sourire, un rictus si proche de la folie du désespoir que l'on est immédiatement en empathie avec cette femme en souffrance. C'est alors qu'elle se met à danser une danse cathartique d'une extraordinaire beauté. Seule, au milieu de nulle part, dans ce champ bercé par la brise, ses gestes sont offrandes pures à la nature qui l'entoure et avec laquelle elle fait corps. En se laissant absorber par ce plan séquence d'une incroyable densité, on mesure immédiatement que cette mère illuminera le film du début jusqu'à la fin. Incarnée par Kim Hye-Ja, cette mother ne vit et ne respire que pour et par ce fils en qui elle place un amour infini. Elle le protège, peut-être trop, certes trop, car elle sait. En a-t-elle d'ailleurs le choix ? Elle sait qu'il n'est pas en mesure de tout saisir, de tout comprendre. Elle en mesure le danger. Elle le sent, pressent que tout finira par basculer. Mais au mot coupable, elle oppose son amour, irréductible. Car c'est bien de chair et de sang qu'il est question. De l'amour à vif, de l'amour à mort, de "l'amour comme s'il en pleuvait". Et de la pluie, il en tombe, violemment. De l'eau, en trombe, de l'eau pour noyer les maux de cette mère qui en vient à toucher les rives de la folie. Folle d'amour à Nevers disait Duras dans Hisroshima Mon amour, folle d'amour de ce fils nous dit Bong Joon-Ho qui nous offre ici un film d'une grande maîtrise et d'une folle beauté.
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