Saisissantes. Eblouissantes. Oui, les photos de Jane Evelyn Atwood sont tout cela à la fois mais la décence inviterait presque à ne rien dire, juste à regarder, saisir, retenir parce qu'il est nécessaire de voir pour comprendre ou désapprendre ce que l'on avait cru comprendre. Oui apprendre l'inqualifiable. Impossible d'y échapper les photos le disent sans outrance, sans vulgarité. Tous ces hommes et femmes photographiés s'affichent tels qu'ils sont dans leur humanité, leur fragilité, leur souffrance et nous renvoient à notre propre finitude, à nos propres faiblesses et solitudes. On se sent proche de ces êtres en marge, reconnus comme êtres à part entière par l'objectif de Jane Evelyn Atwood. Prison, prostitution, sida, mines anti-personnel ...l'intolérable nous est livrer sans brutalité mais dans sa plus stricte réalité. Rien n'est édulcoré, rien n'est indécent. Toutes ces photos exposées sont un concentré d'humanité, de vie, de bribes de vie qui tentent de se frayer un chemin dans des destins malmenés. Il faut, en effet, beaucoup d'amour pour réussir à saisir ces regards suspendus entre le désespoir et l'espoir, entre la dureté du monde et quelques minutes fécondes où embrasser, prier, marcher, se toucher redonnent sens à la vie. J'aurais pu sortir de cette exposition, "sonnée", effrayée par ce trop-plein de vérité. Mais il n'en a rien été. Cette vérité est une vérité habitée aussi, en suis-je sortie éblouie par la beauté des clichés. Et pourtant, ce n'est pas à une quête d'esthétisme que Jane Evelyn Atwood s'est livrée mais bien plus à une quête de l'Autre dans laquelle nous sommes invités à nous relier à notre tour. Justement par amour.
Jane Evelyn Atwood à la Maison Européenne de la Photographie jusqu'au 25 septembre 2011 et pour ceux qui n'ont pas la chance de pouvoir s'y rendre il vous suffit juste de cliquer.
Commentaires