D'emblée on est saisi. On les voit. Jaunes et majesteuses. Elle s'imposent avec une force inouie. J'en suis d'ailleurs restée toute éblouie. Puis, j'ai gardé la distance pour les regarder, les admirer, de loin, prendre le temps de les approcher, de me familiariser avec l'horreur. L'effet est saisissant. Ces têtes hiératiques blessées, tailladées à vif nous livrent dans une dignité absolue leur souffrance, en silence. Ce silence, on l'entend. Il fait écho au ciel assourdissant qui fit taire la ville de Dresde... On s'en approche et on sent monter la douleur. Elle se lit sur ces visages figés, sur ce bois qui a volé en éclats, visages blessés pour dire une humanité défigurée, ici transfigurée par la seule beauté de ces sculptures. Arrêt sur image : je reste silencieuce devant ces énormes pièces de bois taillées directement à la hache qui disent l'horreur de la guerre et prorogent le souvenir de ce qu'elle fut. Elles me font penser aux Moais, ces imposantes statues de l'île de Pâques qui continuent de nous interpeller, le regard tourné vers le ciel. Les femmes de Dresde ont, en effet, quelque chose de primitif qui leur ressemble. Mais à la différences de ces statues de basalte, leurs visages cabossés, leurs regards vidés nous ramènent à notre propre civilisation et à une histoire récente qui n'en finit pas de nous tourmenter. De la violence de la taille sont nées des sculptures d'une grande force et d'une incroyable sérénité. Baselitz au Musée D'art Moderne de la Ville de Paris jusqu'au 29 janvier 2012.
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