C'est un jardin enchanté qui semble déconnecté du réel, juste posé dans un champ. Pour y entrer, il faut une clé. La clé est le seul moyen de pénétrer dans ce lieu extravagant et sans âge qui nous ferait presque croire à un mirage si on ne savait que l'on se trouve bien en banlieue, au bout du bout d'un village, et d'une ruelle qui se sont enrichis il y a une quarantaine d'années d' une oeuvre monumentale issus du cycle de l'Hourloupe : La Closerie Falbala de Jean Dubuffet. Oui, elle est là, bien là. Il nous tarde d'y entrer. On l'avait à peine devinée. Ca y est, on y est ! Nous voilà happés par les formes organiques de ce jardin et déambulons dans ses traits. Jardin de béton blanc dévolu aux tracés noirs qui se meuvent autant que nous nous mouvons, désireux d'en saisir le sens. Pure poésie d'un jardin qui ne semble qu'en avoir le nom mais dans lequel nous nous promenons sans autre source de plaisir que de tourner autour de son axe central dévolu à une étrange villa qui elle aussi, n'en a que le nom : la Villa Falbala. Comme Ali baba et les quarante voleurs, nous, le trio, comme deux et un font trois, entrons à l'intérieur de cet antre bien singulier. Nous en aimons immédiatement les méandres et le silence. Oui, ce silence qui nous parle et nous invite à en saisir le sens avant même que nous entrions dans le Cabinet Logogique. Une pièce qui a tout d'un sanctuaire, une oeuvre d'art à part entière dans laquelle le plein et le vide se côtoient dans une belle évidence. Le plein, ce sont les murs recouverts de panneaux sculptés et recouverts de grafittis rouges, bleus et noirs qui assaillent notre regard, laissent divaguer notre imagination, " nous font entrer dans les images et les habiter". Le vide, c'est ce nous renvoie cette surexposition qui nécessite le silence si on veut en saisir les contours. C'est alors que je pense à la chapelle de Houston, une chapelle aveugle dans laquelle les gigantesques tableaux de Mark Rothko m'invitèrent il y a quelques années à la méditation et au recueillement. Le même silence y circulait mais un silence beaucoup plus profond. Ici, Jean Dubuffet parlait de "chambre d'exercices philosophiques, d'un espace totalement privé isolé des mondanités pour méditer", mais là-bas "l'abstrait nous conduisait aux portes du divin". La différence tient en ce divin dont je me souviens. Fondation Jean Dubuffet 94250 Périgny-sur-Yerres Samedi et dimanche sur rendez-vous. Un bel enchantement vous attend.
Poster un commentaire
Vos informations
(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)
Commentaires