Le premier jour, il dessina une tasse de thé, d'une simplicité désarmante, touchante. Le second, une lampe culbuto qui aurait pu ressembler à la tasse, en plus grand, mais n'était pas la tasse. Le troisième jour, un vase entonnoir s'étonna d'être formé...Et il en fut ainsi durant 365 jours. Chaque jour fut jour de création, de mise au monde. Bien plus qu'un exercice de style, une ascèse. Au fil des saisons, Guillaume Bardet se donnait rendez-vous avec lui-même pour dessiner un objet en céramique, un objet qui prendrait corps et vie sous les doigts d'un potier qui accepterait de se lancer avec lui dans l'aventure. Ils furent plusieurs céramistes à accepter de relever ce défi. Autant de personnalités différentes qui furent pousser à dépasser les limites du raisonnable sous l'impulsion de Guillaume Bardet, à oser faire ce qu'ils n'auraient certainement pas tenter eux-mêmes. Le résultat est un parcours initiatique dans les méandres de la pensée de ceux et de celles qui créent, qui prend acte du temps et des saisons qui passent. Si la terre modelée a bien une mémoire, elle scelle avec le temps une merveilleuse union, celle des gestes accomplis lors de la conception et de la réalisation des objets en faïence, porcelaine, grès... Un projet collectif fondé sur la confiance en l'autre, en sa capacité à produire du tangible mais aussi cette part d'intangible que nous laissent entrevoir et voir les courbes et les couleurs. Chaque jour est donc rassemblé devant nous dans un objet qui nous touche, nous indiffère ou nous émeut. Et on avance dans l'année guidé par l'émerveillement de ce qui est et sera. On traverse certains jours avec une lenteur souveraine, on se prend à accélérer certaines semaines printanières, pris dans un étourdissement de couleurs après les gris de l'hiver. On aime les splendides pliures origamiques qui déploient leur blanc éclatant. J'ai avancé dans le temps avec un bonheur non feint, je me suis prise à retourner dans le temps pour poser une nouvelle fois mon regard Les plats paysages qui m'offraient la langueur de leur courbes. Il neigeait beaucoup de douceur durant ces journées d'hiver. Je me suis surprise à me resservir un thé en remontant le fil de l'automne. L'éclat cerclé d'un orange émaillé me porte à aimer cet automne là, tout comme ces petites pattes qui court et court sous la tasse... Tout ici, les lignes, les formes et les couleurs deviennent un merveilleux journal à ciel ouvert où la vie sourd et s'émerveille. C'est un miroir de terre qui se tourne vers le ciel, un vase asymétrique bicolore dont le bleu nous éclabousse les yeux, un habitat végétal qui nous convient à désirer l’hiver, à entrer dans le printemps et nous plonger dans l'été...Toutes les pièces exposées nous ouvrent tant et tant de possibles que notre imagination se plait à imaginer pour chacune d'elle une histoire même si chaque pièce a déjà la sienne, celle qui a précédé le dessin de Guillaume Bardet, et celle que le céramiste lui a donnée. Il en est ainsi de la mémoire. Elle s'étonne chaque jour de s'enrichir des fragments de vies. Aussi, cette exposition est-elle bien plus qu’une simple aventure artistique, elle est une aventure humaine d’exception que je vous invite à découvrir pour continuer de la faire vivre. BG L'usage des jours / 365 objets en céramique / Guillaume Barder Designer / Cité de la céramque - Musée de Sèvres. Jusqu'au 2 avril 2012 et le très beau livre L'usage des jours Guillaume Bardet publié chez Bernard Chauveau Editeur que je rêve de posséder. Photo carafe mardi 29 septembre 2010 à découvrir sur le site de Guillaume Bardet
Commentaires