C'est l'oeuvre d'une femme libre, restée toute sa vie étonnamment jeune. A 92 ans, elle poursuivait encore et encore sa quête, et toujours le même rêve : faire entrer l'art dans la vie.
Et ce fut un pari réussi. A regarder son parcours, ses toiles, ses collages, ses robes, ses imprimés ...on ne peut que rester admiratif devant tant d'énergie créatrice et débordante. Une telle vitalité qui, affirmée dès le début du vingtième siècle, n'ira que s'amplifiant avec le temps. Ni les guerres, ni les frontières traversées ne parviendront à tarir la dynamique des couleurs qui prennent vie dans tout ce qu'elle crée. Des couleur qui rythmeront sa vie et animeront sa poésie intérieure. Car c'est bien de cette poésie là qu'il faut parler, cette poésie intérieure qui l'habitera tout au long de sa vie et lui permettra de "vivre le plus librement possible, et de limiter ses besoins pour avoir le moins de concessions à faire". A tout âge, Sonia n'eut, en effet, de cesse d'être dans la vie, et au coeur de ses turbulences, en osant. Oui, Sonia a osé, osé donner au graphisme ses lettres de noblesse en créant des affiches publicitaires d'une grande actualité - Sonia visionnaire - ; osé proposer de vivre son corps en mouvement en s'habillant selon sa personnalité et librement - Sonia avant-gardiste - ; osé être Sonia et pas uniquement la femme de Robert - Sonia qui ne se confond pas avec Robert. Car même s'ils formèrent un magnifique duo, seule, Sonia continua de tracer sa route avec tout autant de vitalité et de ferveur pour les couleurs, comme en témoignent les grandes toiles des années 50/60 . Pour Sonia Delaunay, la femme devait être au centre de tout. Et Sonia l'a été, tout le temps, au centre de tout, de son "tout" qui était la création et la poésie. Blaise Cendrars fut l'un de ses plus fidèles amis. Pour lui, elle illustra "La prose du Transsibérien" au pochoir. Magnifique tableau poème de 2m de hauteur qui joue avec les formes, les sons, et forme de jolis wagons de mots et de couleurs à déplier. A l'instar de Blaise Cendras qui disait " Je ne trempe pas ma plume dans un encrier, mais dans ma vie", #SoniaDelaunay trempait comme lui ses crayons et ses pinceaux dans la vie. Bien plus qu'une amitié, une manière d'être au monde en partage. Au plus près de la vie comme Bernard Lavilliers qui célèbre ce long et merveilleur poème dans un voyage au long cours. 27mn de poésie, "un acte révolutionnaire " pour nous faire écouter les mots et chanter les couleurs. A écouter.
Sonia Delaunay / Les couleurs de l'abstraction jusqu'au 22 février 2015.
Commentaires