Libre de dire, de revendiquer, d’aimer, de changer d’amants, de mari comme de vie …Germaine Krull est cette femme que je découvre dans l’exposition qui lui est consacrée au Musée du Jeu de Paume. Au début de l’exposition, je la vois allongée parmi des coussins sur une espèce de sofa : pommettes saillantes, cigarette à la main, dans une forme de nonchalance affirmée. La regarder parmi ces Kilims et ces coussins moirés me projettent déjà dans un ailleurs, aux portes de l’Orient. Je ne sais pas et pourtant des images intérieures m’évoquent déjà l'Orient… Et défilent devant moi toutes ces femmes qui font partie de ma vie m’enchantent et me fascinent : Isabelle Eberhardt, Alexandra David-Néel, Anaïs Nin… toutes ces femmes du siècle passé qui ont œuvré pour la liberté des femmes. Germaine Krull, non conventionnelle c’est certain, un brin sauvageonne…J’avance dans l’exposition, et admire ses nus. Magnifiques nus qui nous sont donnés et offerts à voir. Que dire de ces nus, et d’ailleurs pourquoi dire, les voir permet de saisir tout ce qu’elle voulait faire passer de beauté, d’abandon et de sensualité. A celui qui lui demandait pourquoi elle en faisait, elle aurait répondu : « Parce que c’est beau depuis toujours et qu’un beau matin d’été ça m’a plu ». Et parce que c’est beau et qu’une fin d’après-midi de juin, ça m’a plu, je vous en parle. Cette simplicité relève d’un acte poétique. J’avance encore et tombe sur cette très belle photographie de Colette. Rares sont les photos de Colette qui m’émeuvent : Colette trop posée, Colette trop fardée. Là, je vois Colette comme je ne l’ai encore jamais vue. Sur celle qui est devant moi, je ressens une Colette plus secrète, intérieure, fragile. Germaine, proche des êtres, certainement capable de les comprendre et des les aimer dans leur différence. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a photographié les clochards de Paris et les manouches de Bagnolet. Germaine, reporter social avant l’heure ! Une femme décidément indépendante qui m’entraîne sur ses pas au pied de l’Himalaya. Car si sa vie l’entraîna sur bien des terres, dans bien des combats, c’est près des Bouddhistes Tibétains qu’elle approfondit sa quête de spiritualité. Détachée de tout dogme. Comme elle semble toujours avoir été. D’une grande modernité.
Exposition Germaine Krull / Musée Jeu de Paume jusqu’au 27 septembre 2015
Photo: autoportrait
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