C’est un lieu étrange, un espace étonnant, vide et plein à la fois. A priori vide car on y déambule sans rien rencontrer, ou plutôt sans que notre corps vienne heurter quelque chose de matériel On est dans un espace pensé, créé pour nous amener à voir, observer, réfléchir, ressentir…sur la question de seuil. Le seuil, ligne de démarcation qui nous ouvre le champ de la réflexion
L’espace est apparemment dénudé, mais rapidement notre regard se pose sur les détails qui prennent ici toute leur densité : on mesure leur présence, leur absence, on ne comprend forcément pas pourquoi ils sont là ou pourquoi ils ont été enlevés, arrachés. On s’abandonne à regarder le sol, à lever notre regard, à observer les murs fraîchement peints, à observer longuement les grandes bâches qui se déploient latéralement et diffusent la lumière pour envelopper ce lieu qui devient autre. Un lieu dédié aux questionnements, au regard qui scanne l’espace et tente d’en déceler la raison d’être.
Puis, on lève les yeux et on voit une bâche tendue, et on marche dans le ciel de la bâche sous les pieds qui l’ont piétinée, et ont laissé trace. On est dans l’entre-sol, dans un lieu de mémoire, la mémoire d’un atelier. Ces traces l’attestent, le prolongent. Un revêtement de sol hissé pour nous offrir un nouveau point de vue.
Un objet d’étude à part entière qui se laisse modeler par la lumière, notre propre déambulation, notre seule présence et celle des autres qui, comme nous, cherchent à en percevoir le sens premier et le sens caché. Mais ici, il n’y a, je pense, ni sens premier, ni sens caché, juste un lieu pensé pour qu’une fois en avoir franchi le seuil, chacun puisse le vivre, le ressentir.
Objet plastique, pictural, architectural, sensoriel à part entière qui nous ouvre un champ d’expérimentation infini.
My favourite studio / Le seuil / Meryl Bouchereau - Lea Bouttier - Damien Bouty - Vincent Gernot – Loïc-Yukito Nakamura / Biennale Internationale du Design Saint-Etienne 2017
Commentaires