C‘est sur la Messa di Gloria de Gioachino Rossini que les 23 danseurs du Malandain Ballet Biarritz nous font immédiatement entrer dans le mythe du déluge. Présence majestueuse d’une troupe qui nous met directement en prise avec le fragile et le sacré de la vie.
L’humanité est prise par les eaux. L’humanité est cette arche, entourée d’eau, noyée par le mal, les tensions, mais aussi les envies de faire corps avec l’autre pour mieux s’en rapprocher, pour se souder, faire face à l’adversité, à ces vagues qui montent, montent, envahissent l’espace, le monde, et semblent emprisonner chacun pour l’amener à renoncer.
Et pourtant, à l’intérieur, les hommes se débattent, tentent de rester soudés pour garder leur humanité, trouver de nouvelles énergies pour donner sens à la vie. Cette arche est quête de vie.
Les danseurs expriment avec force cette montée des eaux qui les cernent de toutes parts, et doivent trouver, au fond d’eux-mêmes, la force de renaître, de se mettre à nu pour recommencer ensemble l’histoire, une fois la décrue avérée.
Hommage au corps dansant, à cette humanité en mouvement qui ose affronte ses démons pour repartir à zéro en réinventant son futur.
Ce ballet parle de défaillance et de renaissance, et nous exprime toute la force du collectif. A l’image de cette troupe, et de ces dos pliés qui créent un gué et permettent la traversée. Métaphore d’une société unie qui ose se repenser à l’aune de la nouveauté.
Avec Noé, c'est la Vie qui se déploie sous nos yeux, bousculée par les forces obscures et nos envies de lumière.
Avec Noé, c'est de notre libre-arbitre dont il est question pour créer le monde dont nous voulons.
Une chorégraphie passionnante, émouvante qui nous implique très fortement dans un mythe universel, pour refaire l'histoire, notre histoire avec un grand "H" et un petit "h plus personnel.
Noé / Malandain Ballet Biarritz au Théâtre National de Chaillot et en tournée