Etre gay aujourd’hui, cela ne devrait pas être un sujet, une colère, une interrogation, un questionnement, un statut, du mépris, une étiquette, des reproches, une souffrance, des regards assassins, une stigmatisation, des larmes, des mensonges, de la haine, des rires, des sous-entendus, du mépris, des pédés pédés pédés répétés à l’envi…
Oui, pourquoi en suis-je arrivée là, à parler de cela ?? J’en suis arrivée là parce que tout cela me révolte, que j’en ai assez. J’en ai assez que les gays soient réduits à être des homos. Eddy de Pretto dit : « C’est la fête de trop », moi je dis que "pédé.s." : « C’est le mot de trop » …et ça me réduit au KO.
Pour eux, pour elles, j’ai envie de descendre dans la rue, de crier de leur foutre la paix, de les laisser vivre, juste vivre comme ils ou elles veulent, sans jugement. C’est dingue de penser que l’homosexualisé n’est pas encore complètement acceptée, et d’ailleurs pourquoi devrait-elle être acceptée ? Etre homo ne devrait pas être un sujet de rejet ou d’acceptation. Etre homo, c’est comme pour tous les hétéros, juste une manière d’être au monde, dans son corps, dans son être tout entier.
Et pourtant, les mots ne sont pas de trop pour raconter ce qu’ils éprouvent, le faire comprendre, le faire savoir.
- Pourquoi t’es comme ça ? Edouard Louis se rappelle cette question posée par sa mère entre deux bouffées de cigarettes. Quatre mots de trop. Il dit : « Je ne réponds pas. Je sors de la maison, je ferme la porte sans rien dire et je ne sais pas pourquoi je ne pleure pas, mais toute la journée ensuite a le goût des mots de ma mère, l’air a le goût de ses mots, la nourriture a le goût de la cendre. Pendant la journée je ne pleure pas. » Mais comme il le disait juste avant : « Elle ne sait pas encore qu’avant la fin de la journée elle le payera, qu’elle souffrira. » Fils souffrant désirant de voir souffrir à son tour. Mère aimante ne comprenant pas le pourquoi.
Tout comme celle d’Eddy de Pretto dont l’injonction répétée « Tu seras viril mon fils » l’amène aujourd’hui à souhaiter que sa mère voit s'accélérer ses rides " pour que ces propos cessent et disparaissent. »
Virilité abusive
Virilité abusive
Oui, il faut le dire, le répéter…A..B..U..S..I..V..E
De la féminité ou de la masculinité, il faut arrêter…
Il faut s’écouter, sentir ce qui vibre à l’intérieur de soi, se laisser porter par la liberté de son corps qui fait corps avec soi, cela va tellement de soi.
Un écrivain et un chanteur, deux parcours qui se sont construits sur cette souffrance. Deux être ostracisés au plus fort de leur enfance et de leur adolescence désormais engagés sur le chemin de la résilience.
Pour l’un, c’est la promesse de l’appeler maman : « Promis j’y arriverai, ma mère, ma mère /A te regarder tout simplement, ma mère, ma mère /Sans en vouloir à la terre entière / Un jour je t’appellerai maman »
Pour l’autre, c’est sa venue dans une petite ville du Nord pour parler s’expliquer…avec son père.
Pouvoir cathartique des mots…les mots ne sont jamais de trop !
Mais qu’en est-il de tous ces parents, de tous ceux qui ne parviennent pas encore ou difficilement à reconnaître l’autre dans son altérité, corsetés dans leur pensées préfabriquées ?
Les mots ne sont jamais de trop pour lutter contre l’ignorance. Gageons que, quand ils le seront, cela voudra peut-être dire que ce sujet n’en sera plus un et que chacun sera sujet de sa vie et pourra tutoyer sa liberté d’exister comme il l’entend.
Etre gay ne sera définitivement plus un sujet, une colère, une interrogation, un questionnement, un statut, du mépris, une étiquette, des reproches, une souffrance, des regards assassins, une stigmatisation, des larmes, des mensonges, de la haine, des rires, des sous-entendus, du mépris, des pédés pédés pédés répétés à l’envi…
Photo Eddy de Pretto
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