C’est un petit livre précieux auquel on pourrait ne pas prêter attention car on le remarque à peine. Sa taille se fait discrète et ses 48 pages semblent nous inviter à une lecture rapide car ce livre est, avant tout, destiné aux jeunes lecteurs.
Et pourtant, je l’ai tout de suite emporté et adopté. Comment aurais-je pu résister à son très joli titre qui a tout de suite retenu mon attention : La petite taiseuse ? Moi la grande bavarde devant l’éternel qui sait néanmoins se faire taiseuse, ai tout de suite compris que dans ce petit livre se cachait quelque chose de grand. Et en effet, dès la première phrase, j’ai su.
J’ai su que ce livre allait me faire vibrer, m’emporter comme les ailes du moulin dont il est question dans le livre : « Dans un village plein de vent vivait un Moulin ». Car ce moulin vit. C’est un personnage à part entière dont le rôle est central. On le perçoit tout de suite mais cela se fait avec beaucoup de simplicité. J’ai aimé cela.
J’ai aimé cette manière de dire et de planter le décor avec ce moulin autour duquel gravitent tous les personnages qui vont donner sens à ce livre et en faire la plus belle des fables : un Meunier dont la Majuscule marque le pas et annonce toute l’importante qu’il revêt dans le village alors que personne ne le connaît vraiment car « personne ne lui avait jamais parlé …et croisé », la Petite Taiseuse dont les deux majuscules laissent présager qu’elle aura un rôle éminemment important, et le Village doté d’un V majuscule qui exprime très bien la violence de son égoïsme, tout centré qu’il est sur son intérêt premier de se fournir en farine pour pouvoir faire son pain mais qui va s’ouvrir comme ce V aux émotions et à la compréhension d’une situation qui en dit long sur l’abandon, la perte, la transmission… sur la nécessité de prêter l’oreille aux silences qui parlent, d’entendre en regardant les yeux de l’autre pour ne pas vivre « le coeur cadenassé ».
Ce livre tout en finesse et délicatesse, nous parle de l’essentiel : de ce que nous avons en nous et devons prendre le temps d’écouter : « Apprendre à être bouleversé », oui, c’est cela, car, comme le dit la Petite Taiseuse, car dit-elle « ressentir c’est se connaître ».
Et ce lire nous le dit si bien qu’il doit être mis entre toutes les mains !!
La petite taiseuse / Stéphanie Bonvicini & Marianne Ratier / naïve
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