C'est un livre qui est pure poésie. C'est un long chant qui nous enveloppe dès les premiers mots, dès les premières pages avec ce grand huit qui enlace une petit maison écarlate. Un huit comme une paire d'yeux qui éclaire l'espace, celle de la maison rouge écarlate perdue en pleine forêt. Une sombre forêt. Un huit qui tient chacun dans ses rets sans le retenir tout à fait car la liberté est ici toute relative. Car il s'agit de celle que chacun s'assigne.
Chacun bien dans son rôle même si tout paraît un peu de guingois, même si tout part de travers. Tout va de soi, tout se perpétue dans les gestes répétés, dans les mots prononcés, dans cet équilibre fragile qui ne tient qu'à un fil. Fil de vie. Chacun est là avec soi, avec l'autre, comme si tout avait été toujours ainsi, dans ce glissement et plissement du temps qui prolonge l'histoire et la perpétue. C'est la vie, la vieillesse et la mort réunies, une harmonie de l'ordinaire que vient à peine troubler l'arrivée inopinée de l'hirondelle. Mais l'hirondelle est et sera celle par qui la vie entrera, par qui le dehors entrera. Elle devient cette nouvelle présence aimante qui rassemble et redessine les contours de cet équilibre fragile, et le déplace juste un peu mais suffisamment pour l'ouvrir à plus grand et plus beau, plus libre et plus haut que le grand huit comme le disent ces quatre regards levés vers le ciel, désormais habités.
Avec cet album Anne Herbauts signe une oeuvre poétique, artistique exigeante et pleinement aboutie.
La beauté de chaque double page m'a tout suite saisie comme la beauté des mots, mais je préfère ne rien déflorer, vous laisser découvrir ce précieux récit. Ici, même la mort sourit. Et c'est bien ainsi.
Theferless de Anne Herbauts / les Albums Casterman
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