Bon, il est grand temps que je vous le dise et redise: courez voir "De l'omme" de Jacques Rebotier au Théâtre Chaillot. Oui, il est certainement plus que temps que vous alliez prendre un bain de poésie déjantée. A la manière d'un Léo Ferré mais en plus éberluée et enjouée, Jacques Rebotier nous livre de purs morceaux d'humour et d'intelligence sur la connerie humaine. Elle en devient même - cette connerie- hyper jouissive tant sont brillants les acteurs, et tant le verbe est haut. Super Père Noël règne sur la vacuité d'une économie de marché ultra marketée ...et nous, on reste de baba devant tout ce déballage grotesque si proche de la réalité. Allez, allez... courez applaudir ce conte philosophique mené tabour battant, et les performances scéniques et artistiques de tous les acteurs. Plus qu'un coup de coeur, du pur bonheur ! Après mon erreur de casting théâtral de dimanche dernier au Théâtre du Rond-Point, je prends plus que jamais la mesure de ce petit bijou qui va exceptionnellement retrouver son "H" pour prendre encore plus de hauteur. Et parce que j'avais prévu que mon blog servirait aussi mes coups de gueule, sachez que le premier gros coup de ....sera pour "Comment dire...", un spectacle musical et poétique dont Isabelle Carré est l'étrange leurre. Pour le dire simplement: le puzzle était plus que mal assemblé puisque ni Isabelle Carré -que j'aime-, ni les textes de Christian Bobin - que je connais presque par coeur et que j'adore! - ni la musique, n'ont réussi à donner une vraie matière à ce spectacle qui me faisait penser à une fête de patronage bidouillée à la dernière minute. Une véritable imposture ! N'y allez pas et préférez qui, que, quoi ???? De l'omme, j'ai dit !!!Où ? A Chaillot !
La musique du papier selon François-Xavier Richard
26/09/2021
Quand l'utopie devient réalité ou quand un rêve de papier prend toute la mesure de sa réalité devant un public recueilli.
C'est ce qui est arrivé à François-Xavier Richard et à son orgue de papier au Musée de la chasse et de la nature. Car il fallait être vraiment fou amoureux de papier pour oser penser ce projet, lui laisser le temps de grandir et lui réserver le plus beau des écrins. Un si bel orgue dans un si beau lieu, que pouvait-on trouver de mieux pour enchanter ce Lauréat de la Villa Kujoyama qui l'activait pour la première fois, et pour nous enchanter ? Nous qui étions dans l'attente de ce qui allait arriver, déjà émerveillés par l'idée même de cette attente.
L'orgue est de bois et de papier mais pas n'importe quel papier, du washi, papier en fibres végétales utilisé au Japon depuis plus de 1300 ans dont la technique de fabrication est inscrite au Patrimoine immatériel de L'UNESCO. C'est donc avec ce papier que François-Xavier Richard a pensé une multitude d'instruments de musique pour le faire vibrer et chanter avec la complicité de Frédéric Blondy, compositeur et musicien, et Seijiro Murayama compositeur et percussionniste.
Il y a tout d'abord le silence qui ouvre le bal et laisse peu à peu place aux frottements, claquements, froissements qui viennent habiter l'espace. Nos oreilles attentives nous ouvrent les portes d'un autre monde, un monde où l'attention est portée à son incandescence pour nous faire écouter le chant du papier, suivre ses ondulations, ses voltes et ses demi-voltes, centrer notre attention sur cette pluralité de sons qui adviennent, vont et viennent, s'espacent, s'effacent et font corps avec notre propre corps. Et les yeux fermés, tels des derviches tourneurs, nous nous laissons emporter par la magie de cet orgue de papier.
L'orgue de papier de François-Xavier Richard // Construction et préparation avant le jour J
Visuel BG : Frédéric Blondy